Le blog du CTD, par Bertrand Damien


Chers CTDistes, chers amis, bienvenue sur le blog du CTD. Humeurs, billets d'actualité, coups de coeurs et de bourre, ou simplement plaisantes conneries du 1 au 10ème degré.

Nom : Bertrand
Lieu : France

Musicien, compositeur, auteur, et Producteur de musique (label ESP Music). J'ai travaillé 20 ans dans l'industrie des télécommunications, et j'étais encore récemment Directeur d'un département de conseil en stratégie pour les opérateurs. Maintenant, musique...

8.3.05

Journée de la femme...

... qui est comme chacun sait l’avenir de l’homme.

J’ai été frappé ce matin au petit dej par l’intervention à la télévision (sur France 2) de Elizabeth Badinter, grande intellectuelle combattante pour laquelle j’ai un immense respect. Elle y parlait du féminisme, notamment en fustigeant le féminisme hystérique à l’américaine comme contre-productif pour la cause des femmes, et en affirmant que les femmes ne devraient pas se concevoir un avenir dans lequel l’homme est exclu. Si la femme est l’avenir de l’homme, le contraire est aussi vrai.
En femme de tête mais aussi iconoclaste à l’occasion, elle tordait le cou à certaines idées en vogue, et en particulier s’attaquait à la désinformation qui selon elle ne servait pas la cause des femmes. Elle s’insurgeait par exemple sur la statistique récemment médiatisée, sans aucune précaution (je l’avais entendu et j’en avais été choqué), qui affirmait que 10% des femmes étaient victimes de violences. Vu comme ça, c’est effectivement délirant, effarant. Mais Badinter reprend et surtout précise ce que les médias oublient de dire, à savoir que 2,5% des femmes (c’est toujours trop) subissent des violences physiques. Les 7,5% supplémentaires représentent en fait des violences “psychologiques, au sens large” mais, dixit Badinter, pas différentes de celles que subissent autant d’hommes, et surtout beaucoup plus d’enfants que d’hommes et de femmes réunis. Et là-dessus de rajouter que pour 1 femme violentée physiquement, 6 enfants l’étaient dans le même temps. Et de rappeler que dans l’énorme procès de pédophilie au sommaire d'une triste actualité française, plus de la moitié des inculpés sont des femmes (26 au total). La misère morale au quotidien n'a pas de sexe, elle n'a que des victimes.

Badinter ne va pas se faire des amies, mais sa droiture et son exigence intellectuelle m’impressionnent. Elle m’a aussi fait penser à Françoise Giroux (dont je viens de lire une bonne biographie postume par Christine Okrent), qui, transformée en icone féministe à la fin des années soixantes, avait néanmoins osé asséner à une assemblée féministe extrémiste New-Yorkaise (estomaquée !) que, malgré leurs défauts et leur machisme, elle aimait les hommes et ne concevait pas son avenir sans eux.

J’aime le refus du manichéisme bête et méchant, et surtout le courage, et l’honnêté intellectuelle. Les précautions étant posées, rappelons-nous que le progrès social n’est pas un vain mot, et il suffit de lire ceci pour s’en rendre compte :
Extrait AUTHENTIQUE d'un manuel scolaire d'ECONOMIE DOMESTIQUE pour les femmes, publié en 1960
(merci à Isabelle Ferrari pour cette pépite qui étonnera tous ceux de ma génération et des suivantes qui n'ont pas connu ça).
Mesurant le chemin parcouru, il reste encore beaucoup à faire pour l'égalité des sexes.

Dans mon prochain post, je vous parlerai d’un livre commenté dans le dernier Sciences et Avenir, écrit par deux femmes, scientifiques cognitiennes de renom, qui battent en brèche le mythe du cerveau droit versus cerveau gauche, censé caractériser des différences générales et systématisées entre les femmes et les hommes. Très rafraichissant, très intéressant. Une autre idée reçue d’origine américaine (Canadienne anglophone pour être plus précis), à laquelle il faut aussi tordre le cou.

Bertrand.