Le blog du CTD, par Bertrand Damien


Chers CTDistes, chers amis, bienvenue sur le blog du CTD. Humeurs, billets d'actualité, coups de coeurs et de bourre, ou simplement plaisantes conneries du 1 au 10ème degré.

Nom : Bertrand
Lieu : France

Musicien, compositeur, auteur, et Producteur de musique (label ESP Music). J'ai travaillé 20 ans dans l'industrie des télécommunications, et j'étais encore récemment Directeur d'un département de conseil en stratégie pour les opérateurs. Maintenant, musique...

27.5.05

POURQUOI IL FAUT VOTER OUI

Je ne vais pas ici développer tout mon argumentaire, mais simplement résumer quelques idées fortes :

- le facteur temps est absolument critique pour notre avenir. Compte-tenu de l'inertie démocratique avec autant de pays concernés, un coup d'arrêt à la constitution fera perdre un temps précieux à l'Europe, et nous paierons cash ce délai, parce que pendant ce temps, la Chine, l'Inde, les USA vont accélérer et accroître leur pression politique et économique. Dans un monde où déjà l'Europe est le seul ensemble politique et macro-économique où la croissance est faible ou nulle, nos difficultés augmenteront et pourraient bien devenir dramatiques.

- cette constitution n'est pas parfaite, très loin de là, mais elle constitue quand même un progrès. Elle résulte d'un compromis difficile à obtenir, et ce n'est pas la constitution Giscard, contrairement à ce que de nombreux démagogues de gauche ont dit. La majorité des forces politique de progrès, gauche européenne et syndicats compris, y ont contribué et supportent ce projet. La rejeter sous l'idée qu'on peut renégocier mieux est totalement illusoire : si la France dit non, soyez certains que nos partenaires nous ferons payer cher le retard infligé à la construction de l'Europe. Il y aura du ressentiment, et une telle perte de crédibilité que tout deviendra plus difficile pour les Français. La victoire du non serait une victoire à la Pyrhus : ce référendum serait une sorte de victoire pour le débat démocratique franco-français, mais une défaite pour la construction démocratique européenne. Diplomatiquement, et donc économiquement et socialement, nous paierions cher cette rebuffade. Nos voisins nous présenterons l'addition, à chaque occasion.

- les seuls bénéficiaires d'un non seront les américains, les chinois et les indiens. Tous vont exploser de rire si l'Europe se vautre. Aucun d'entre eux n'a intérêt à voir une Europe forte, capable de s'organiser et de peser pour imposer son propre moratoire protectionniste. Diviser pour mieux régner... avez-vous oublié que la division c'est la faiblesse?

Pour moi qui voyage énormément, qui discute et échange avec nos amis Européens et d'ailleurs, et qui a l'opportunité de regarder notre pays avec un peu de distanciation, je voudrais vous dire combien est triste et ridicule notre aveuglement et notre conservatisme franchouillard de m..... Nous nous apprêtons à faire une erreur historique, et les erreurs historiques se payent toujours très très cher.

Au-delà de cette conviction sur les conséquences d'un non, voici un point de vue particulièrement intéressant, parce que réflexif, comme on disait en philo chez Hegel.

Emmanuel (CTD-iste) cite un éditorial de François Lenglet (dans les "Enjeux les échos")
Quelques extraits :

"Il faut voter oui contre les partisans du oui, au nom d'un argument essentiel, toujours omis dans le débat français : si l'Europe est précieuse pour la France, ce n'est pas parce qu'elle nous protège, mais au contraire parce qu'elle nous change.
(...)
Si nos problèmes perdurent, ce n'est pas à cause de l'Europe, mais faute d'Europe. C'est parce que nous n'avons pas assez changé, que notre chômage insupportable s'est maintenu, et que la France occupe désormais le vingtième rang sur 25 en la matière.
C'est notre paresse, notre conservatisme qui sont en cause, car rien n'est perdu d’avance, comme l'ont montré nos voisins suédois, néerlandais, danois, Britanniques...
(...)
Voilà le meilleur argument du oui à la constitution : dans une France de plus en plus craintive contre le changement, l'Europe est désormais le seul aiguillon qui nous empêche de nous habituer à nos propres faiblesses."

Réfléchissez un peu là-dessus...
Bertrand