Le blog du CTD, par Bertrand Damien


Chers CTDistes, chers amis, bienvenue sur le blog du CTD. Humeurs, billets d'actualité, coups de coeurs et de bourre, ou simplement plaisantes conneries du 1 au 10ème degré.

Nom : Bertrand
Lieu : France

Musicien, compositeur, auteur, et Producteur de musique (label ESP Music). J'ai travaillé 20 ans dans l'industrie des télécommunications, et j'étais encore récemment Directeur d'un département de conseil en stratégie pour les opérateurs. Maintenant, musique...

21.3.06

CPE Euuuuhhhh...

Mes deux centimes de contribution au débat.

En tant qu’ex patron employeur, du temps où je dirigeais ma propre entreprise (jusqu’à 15 salariés), en tant que directeur ayant quelques petites responsabilités opérationnelles dans une entreprise de 300 personnes, et en tant qu’observateur avisé du monde de l’entreprise depuis 20 ans, voici ce que je pense de cette histoire.

Il existe deux de types d’emplois.
Il y a les entreprises qui considèrent que les employés sont du capital (Capex), dans lequel on investit. Formation, expérience, coûts d’embauche, coûts de réembauche etc, sont des notions extrêmements précises, et on cherche à valoriser la productivité et la rentabilité par l'expérience et l'augmentation de la compétence.
Ensuite, il y a les entreprises qui ne considèrent pas les employés comme du capital, mais exclusivement comme des coûts opérationnels (Opex) qu’il convient de réduire au maximum, la valeur ajoutée de l’employé étant considérée comme faible et moins valorisée que d’autres éléments de la chaine de valeur.
Souvent, les entreprises emploient les deux sortes de salariés, et sont alors contraintes à une gymnastique plus compliquée, genre grand-écart et schyzophrénie parfois. Tout cela varie avec les secteurs d’activité concernés.

Dans le premier cas, la problématique majeure c’est trouver le bon profil, et de le garder, ce qui implique généralement une politique de long terme, d'évolution de carrière et de salaire. Le CPE n’a aucun intérêt dans ce cas, et le manque d’enthousiasme du Medef sur le CPE est principalement lié au fait que le CPE est contraire à l'intérêt de beaucoup d'employeurs, ceux qui cherchent de la qualification. Le CPE ne fera que faire fuir les candidats potentiellement intéressants. Qui plus est, dans ce type d’emploi, la chose qui compte c’est de s’assurer qu’on a trouvé un bon candidat. Et il ne faut pas 2 ans pour savoir si c’est le bon ou pas. En 6 mois max, on sait, si on est un bon patron. 6 mois, c’est précisément la période d’essai max d’un CDI normal.

Dans le deuxième cas, le patron cherchera à éviter les augmentations de salaires et les trop fortes contraintes liées à l’ancienneté. Le sacro-saint mot patronal “flexibilité” n’est rien d’autre qu’un cache-sexe pour masquer le besoin de renouveler le plus souvent possible les employés, sans avoir de compte à leur rendre, en évitant la problématique de l’ancienneté et des revendications d’augmentations de salaires.

Le CPE ne vaut rien pour les employeurs soucieux de construire de la valeur basée sur la fidélité et l’augmentation des compétences. En revanche, il est une bénédiction pour les négriers.

Et l’intérêt des jeunes dans tout ça ? Et bien si vous suivez mon raisonnement, vous trouvez la réponse vous-mêmes. Ceux qui croient que le CPE va leur donner la première expérience professionnelle dont ils ont besoin doivent accepter la contrepartie : très peu de chance d’être embauché pour un job visant à son épanouissement et à l’augmentation de son savoir et de ses compétences, de fortes chances d’avoir à faire à un patron pas spécialement “citoyen” (doux euphémisme), une précarité extrême, à la merci d’un patron qui par définition ne considère pas ses jeunes recrutés comme des valeurs d’avenir à former, à fidéliser et à conserver, aucune chance de se faire prêter du pognon par une banque, aucune chance de trouver un logement dans les zones de logement critique, surtout pas tomber enceinte, etc etc.

Le CPE ne vise qu’à siphonner plus facilement des employés au rabais et corvéables à souhait pour des professions sans intérêt ou pénibles, mais en manque de main d’oeuvre. Avant on avait des immigrés pour ça, n’est-ce pas ? Coup de bourre, et hop, de la main d’oeuvre pas chère, qui repart dans son pays ou se cache dans la clandestinité quand ça redégonfle un peu. Maintenant, on aura les CPE-istes, qu’on ira chercher dans les banlieues, lorsque les jeunes non titulaires d’un bac + 5 commenceront à faire défaut.

Ce qui est crispant avec Villepin, c’est ce côté ultra faux-cul. Il te manie les lithotes et les figures de styles avec un sourire angélique, mais il n’appelle pas un chat un chat. Seulement, une grosse merde nauséabonde, ça pue même si tu pchitt du Channel n°5.