Le blog du CTD, par Bertrand Damien


Chers CTDistes, chers amis, bienvenue sur le blog du CTD. Humeurs, billets d'actualité, coups de coeurs et de bourre, ou simplement plaisantes conneries du 1 au 10ème degré.

Nom : Bertrand
Lieu : France

Musicien, compositeur, auteur, et Producteur de musique (label ESP Music). J'ai travaillé 20 ans dans l'industrie des télécommunications, et j'étais encore récemment Directeur d'un département de conseil en stratégie pour les opérateurs. Maintenant, musique...

14.7.05

100% des gagnants ont tenté leur chance, mais...

David Moncoutié. L'un des très rares coureurs cyclistes dont tout le peloton, suiveurs et amateurs savent qu'il est complètement propre. Et l'un des plus gros potentiels (données physiologiques à l'appui), mais qui sait qu'en étant propre, il ne peut espérer en taper qu'une (de victoire), un jour où les chaudières du peloton donnent le bon de sortie. Et là, encore faut-il avoir un cerveau, de la chance et des jambes, pour sortir du groupe des 13 échappés et gagner.
Ce que Moncoutié sait, c'est qu'il faut une cibler une seule, et ne pas se rater ce jour-là. Bravo, magnifique, réconfortant, moral.
Pour oublier quelques instants que ce sport magnifique est totalement gangréné par le dopage massif, et que l'on en est pas prêt d'en sortir. (Tiens, la femme de Dario Frigo chopée par la douane française avec des fioles d'EPO, Frigo appréhendé à son hôtel le lendemain matin, qu'est-ce que je disais hier à propos de Rumsas etc ?)...

Le mot de lucidité à Moncoutié :
"Au Dauphiné Libéré, j'arrivais à suivre les meilleurs. Sur le Tour, je n'y arrive plus", a-t-il ajouté. "C'est comme ça tous les ans. Je sais que sur le Tour ça roule plus vite. C'est comme ça, tant pis. Après, on tire les conclusions qu'on veut".

12.7.05

Il carbure à quoi, le Danois ?

Après son numéro incroyable (et impossible pour un cycliste propre) de 180 km d'échappée victorieuse avec meute de rouleurs aux fesses (cf mon post d'hier), Rasmussen était encore aux premières loges aujourd'hui, pour accompagner Armstrong jusqu'au sommet, quand tous les cadors étaient passés par la fenêtre du Superman ex-cancéreux.
Comme disait Moreau hier dans une interview, si Rasmussen continue à cette vitesse, il s'arrêtera en jaune à Paris. Il ne savait pas encore que le lendemain, le Danois volant allait confirmer dans le genre extra-terrestre.
A noter que la dernière fois qu'un type sorti de nulle part a fini sur le podium du Tour de France, le gars s'appelait Rumsas, et est maintenant emprisonné en Italie sous mandat d'arrêt international suite à l'affaire de la pharmacie d'hopital de campagne trouvée dans le coffre de sa femme par la police française. l'EPO qui s'y trouvait était pour sa grand-mère, se défend encore aujourd'hui le bonhomme.
Y'en a qu'ont pas peur, quand même.

Blast

Vu de l'intérieur. Récit d'un rescapé de l'attentat de Londres.

sur liberation.fr

11.7.05

Caustique et amer, c'est le Tour des Français

Morceaux choisis de Jean-René Bernaudeau, Directeur sportif de l'équipe Bouygues Télécom, à propos de la domination étrangère dans le cyclisme, et de la très moyenne prestation des coureurs français :

"En France, nous faisons tous bien notre travail mais on s'aperçoit que c'est à l'étranger que les champions éclosent. Je n'ai pas d'explication à notre faillite. Chez nous, les structures sont très professionnelles, les coureurs sont en forme.

"Je n'accepte pas d'entendre que les coureurs français sont moins forts que les autres et, puisque je ne trouve pas une solution, je pense que je vais aller demander des conseils à Bjarne Riis (manager de la CSC) pour qu'il m'explique, à moi qui suis là depuis 20 ans, comment il faut faire.

"Ou bien je vais envoyer des espions pour comprendre".

"Il y a une grande nouvelle pour le cyclisme", conclut Jean-René Bernaudeau.
"En deux mois, nous avons vu éclore trois énormes champions" (sous-entendu : on ne sait pas trop d'où ils sortent aussi soudainement de nulle part), "pendant le Giro le Colombien Ivan Parra et le Vénézuélien Jose Rujano (tous deux de l'équipe Colombia-Selle Italia) et dans les Vosges le Danois Michael Rasmussen. Le Trophée Baracchi (un contre-la-montre par équipes de deux) n'existe plus mais, s'il renaissait, un tandem Moreau-Voigt lutterait pour la victoire. Sur la route de Mulhouse un homme seul, le Danois en question, les a battus. C'est magnifique."

Beaucoup d'observateurs se sont demandés hier comment Rasmussen, petit grimpeur de 60 kg et mauvais rouleur, avait pu conserver toute son avance en 50 km de poursuite, contre deux très grands rouleurs aux multiples références dans l'exercice de la pédale en force. Moi qui ai fait beaucoup de vélo à haute dose, je peux vous dire qu'à deux on consomme 30% de moins d'énergie que tout seul (c'est scientifiquement démontré), et que à moins de s'appeler Superman, on ne peut pas tenir 50 bornes de plat-descente contre deux vrais rouleurs lancés à votre poursuite.
Bref, le cyclisme à multi-vitesses moléculaires existe toujours bel et bien, pas de doutes.
Hé, cette, fois, c'est pas la faute aux anglais !

Ca me gonfle tellement, pour ce sport que j'aime, le plus dur et le plus exaltant que j'ai jamais pratiqué.

6.7.05

JO-rrifié, JO-putain ! Réactions, déceptions, problème

Extraits de déclarations, récupérées sur le net.

Il y a "un problème", a résumé le président du Comité olympique et sportif français, Henri Sérandour: "Vous ne pouvez pas arriver avec un dossier qui est en tous points parfait, une dernière présentation qui fait pratiquement l'unanimité et un vote qui se déroule à peu près comme prévu et là, un couac au 4e tour avec le report de voix des pays latins pour Madrid qui vont sur Londres".
"Je pense qu'il y a certaines valeurs olympiques, et il y a eu des manières de fonctionner qui ont été un peu spéciales", a estimé Thierry Rey, champion olympique de judo en 1980.
"C'est une injustice", a lancé, véhément, le président de la Fédération française de natation Francis Luyce.
"Je ne comprends pas. Cela fait trois fois, 1992, 2008 et 2012 qu'ils refusent les JO à Paris. Je ne sais pas. C'est bizarre", a renchéri le joueur de basket-ball Tony Parker, champion de NBA avec les San Antonio Spurs.
"Moi, j'avais compris qu'il fallait le meilleur dossier, le meilleur état esprit...", a déclaré le maire de Paris, avant d'ajouter: "Peut-être que ce qui nous fait perdre, c'est le fair-play".

JO...stratégie, au 21 ème siècle

Et voilà, malgré un dossier irréprochable et tout un peuple derrière, la France essuie son 3ème échec de rang (4ème si l'on compte Lille), pour laisser la place à Londres, dont je ne veux pas croire que le dossier était meilleur (il posait au contraire un certain nombre de questions critiques). Ce n'est pas là que ça se passe. Il y a forcément autre chose.
Ce quelque chose, il faut le voir avec le recul de la géo-stratégie. J'ai bien entendu une remarque très, très sybiline de David Douillet, dans les instants immédiats et cruels de la déception. Des mots sybillins sur le fonctionnement "particulier" du CIO, et sur l'Olympisme, terre anglo-saxonne aujourd'hui.
Et là, il a bien saisi la chose. Le Monde, Olympique compris, est un monde sous influence anglo-saxonne. C'est un monde qui abandonne ou simplement rejette complètement une certaine philosophie morale de l'homme, disons sociale-démocrate, héritée des Lumières, pour promouvoir une vision dite libérale, dans laquelle la place de l'individu et de ses intérêts est toujours prioritaire sur celle de la communauté dans laquelle il vit. Une vision que l'on veut nous faire croire moderne, par opposition à l'autre. La place prépondérante que l'argent occupe, comme indicateur principal de réussite personnelle, en est l'une des manifestations majeures.
J'ai toujours été frappé de voir à quel point, chez tous les anglo-saxons que j'ai cotoyé et que je côtoie (et beaucoup sont de mes amis), ils étaient, tous, formatés de la même façon sur ce plan précis : quand il est question de défendre ses intérêts, et son argent, il n'y a plus d'amis. Là où mon éducation et ma culture tendraient plutôt à la recherche du compromis, il n'y a pas chez eux d'angélisme moral. Le compromis est d'abord une mauvaise chose qu'il faut eviter le plus possible, le compromis est vécu comme un échec. Pour moi, le compromis est toujours un succès, car il matérialise la reconnaissance de chacun à avoir des opinions et intérêts divergents, et qu'il est toujours préférable de couper la poire en deux plutôt que de la vouloir pour soi tout seul.
Quand les Français refusent le compromis avec les autres, ils disent non à la constitution Européenne. Mais comme la France pèse moins lourd aujourd'hui que le Monde anglo-saxon, ou acquis à ses thèses (des pays ayant rompu il y a peu avec le dramatique passé communiste), on se retrouve comme des cons, tous seuls au milieu de la rivière. Aujourd'hui, Blair est à la présidence de l'Europe, la France est montrée du doigt comme force rétrograde d'un monde qui la dépasse (la PAC), les JO vont à Londres, et quoi demain, quelle nouvelle couleuvre ? Nous n'avons pas fini de manger notre pain noir, très loin de là, et ce n'est pas De Villiers ou Fabius qui y changeraient quoi que ce soit s'ils parvenaient (par quel miracle ?) au pouvoir.
J'ai déploré le manque total de pragmatisme des pseudo-vainqueurs du référendum à gauche. Il me faut maintenant déplorer encore plus loin le manque de pragmatisme de la France entière.
Pourtant, je suis sûr que éthique, empathisme, compromis, pragmatisme et vision de l'avenir ne sont pas incomptabibles. Qui incarnera cela ?
A ceux qui voudraient me dire Sarkozy, je répondrais immédiatement et avec force que éthique et empathismes sont déjà totalement incompatibles avec lui, à tout le moins. Alors, on est pas dans la merde, et ça va durer une ou deux décennies, si ce n'est plus.
A moins que les Français n'arrêtent de se plaindre et de se regarder le nombril, et prennent le Monde à bras le corps, en commençant par embrasser pour de vrai nos voisins Européens, l'Afrique, l'Asie, le reste du Monde. D'une certaine manière, je ne suis pas déçu que notre splendide isolement et notre nombrilisme soient chatiés avec tant de force en si peu de temps. Il faut peut-être cette cruelle leçon pour nous débarrasser de nos vieilles rognes, et de ceux qui les incarnent, suivez mon regard au plus haut...

Bertrand.

4.7.05

G8 et Kyoto

"Toutes les nations du G8 ont ratifié le protocole de Kyoto, à une exception de taille : les Etats-Unis. Avec 5 % de la population et un tiers de l'économie mondiale, ce pays est le premier pollueur de la planète, générant, selon les calculs, entre 21 % et 25 % des émissions de gaz à effet de serre.
L'administration Bush considère que les contraintes du protocole de Kyoto seraient trop pénalisantes pour l'économie américaine et reviendraient à amputer la croissance économique, d'ici à 2010, de 400 milliards de dollars, soit près de 4 % du produit intérieur brut (PIB), et à détruire 5 millions d'emplois. Cette situation s'expliquerait notamment par le fait que la moitié de l'électricité produite dans le pays provient du charbon, qui est très polluant.

L'hostilité de l'administration américaine aux contraintes liées à l'environnement a été totale jusqu'en novembre 2004. Elle a d'abord nié la réalité du changement climatique, puis mis en cause le lien entre le réchauffement et les émissions de gaz à effet de serre."
(..) Le Monde, 04-07-05

Bref, le lobby pétrolier continue à conduire le monde au bord du gouffre, et l'administration Bush est toujours aussi totalement cynique et inique.

Côté Français, comme d'habitude avec Chirac, beaucoup de mots, très peu d'actes. On s'engage, on fait des grands moulinets et de la belle réthorique, mais on ne fait pas grand chose de concret.

Une petite anecdote récente, pour illustrer la distance qui sépare la France de certains autres pays d'Europe. L'entreprise qui m'emploie a reçu un appel d'offres important de la part d'un grand équipementier scandinave. Au nombre des dispositions de pré-qualification, on peut compter un long et détaillé questionnaire-inquisitoire sur la politique environnementale du soumissionnaire.

Deux constatations :
1 - On se demande bien ce que l'on doit répondre, vu que l'on a absolument aucune politique environnementale chez nous. Certes, on ne fait que du logiciel et on a pas d'outil de production industriel traditionnel, pourtant, ce document nous interpelle quelque part
2 - Je serais très curieux de savoir s'il existe ne serait-ce qu'une seule entreprise Française de taille respectatble qui incluerait de telles dispositions dans ses appels d'offres.

Salutations écologiques, BC.