Le blog du CTD, par Bertrand Damien


Chers CTDistes, chers amis, bienvenue sur le blog du CTD. Humeurs, billets d'actualité, coups de coeurs et de bourre, ou simplement plaisantes conneries du 1 au 10ème degré.

Nom : Bertrand
Lieu : France

Musicien, compositeur, auteur, et Producteur de musique (label ESP Music). J'ai travaillé 20 ans dans l'industrie des télécommunications, et j'étais encore récemment Directeur d'un département de conseil en stratégie pour les opérateurs. Maintenant, musique...

5.11.09

Identité, identité, est-ce que j'ai une gueule d'identité ?

L’identité peut pas se réduire à l’appartenance nationale... Que suis-je, qui suis-je, quelle est mon appartenance ?

Je suis un être humain, pourquoi devrais-je me définir tout en entier et enfermer mon être dans une identité nationale ? Quelle est cette sottise forcément réductrice, carcérale, et philosophiquement suspecte ? Et pour commencer, qu’est-ce que l’identité ? Question impossible à adresser exhaustivement dans un article, l’identité flotte en eaux troubles dans beaucoup trop de domaines : psychologie, sociologie, culture, politique, philosophie… À la limite de la question ontologique : qui suis-je ?

On pourrait parler de l’identité personnelle et subjective (qui renvoie le sujet à ce qu’il a d’unique, à son individualité), de l’identité sociale, plus objective (elle englobe le sujet de l’extérieur et se réfère aux statuts que le sujet partage avec les autres membres de ses différents groupes d’appartenance), de l’identité culturelle et interculturelle, qui regroupe tout ce qui est en commun avec les autres groupes.Pour faire simple : de quoi suis-je fais, d’où suis-je, à quoi j’appartiens ? Si je tente de répondre à cette question, il est immédiatement évident qu’en aucun cas je ne puis me réduire à un concept aussi réducteur et par ailleurs suspect que celui d’identité « nationale ». Alors faisons tomber les murs de la prison nationale, respirons un grand coup et embrassons l’identité globale, de l’infiniment grand vers l’infiniment petit.

J’appartiens à l’univers. Comme tout être vivant, je procède de l’alchimie de l’univers, de l’énergie des étoiles, de l’eau apportée par les bombardements météoriques sur un astre stérile et de la tectonique des plaques résultante de l’amollissement de la croute terrestre, qui créa les océans et la chimie primordiale.

J’appartiens à la terre, je suis un être de passage en interaction avec la planète vivante et tous les éléments de la vie qui s’y développe, je suis né de la terre et j’y retournerai.

J’appartiens à l’espèce humaine, j’ai les mêmes angoisses et les mêmes espoirs que tous les autres, les mêmes vertus et les mêmes défauts que tant d’autres.

J’appartiens à tous les pays que j’ai traversé, physiquement et réellement, près d’une soixantaine, ou virtuellement, par la télévision, internet, la presse et les livres, car ces expériences et interactions multiples sont dans mon corps et mon esprit, ils participent de mon identité.

J’appartiens à l’Afrique car j’ai les gênes de Homo Sapiens, survivant du buisson foisonnant des hominidés. J’ai peut-être des gênes communs avec Toumaï il y a 9 millions d’années.

J’appartiens à l’Europe parce que son histoire a forgé ma culture, avec son brassage incroyable de peuples en migrations ininterrompues depuis Sapiens, que ses règles de vie commune interagissent avec mon quotidien, et que son devenir possible appelle une identité plus globale, moins réductrice et plus riche de potentialités que l’hexagone bizarre de mon passeport.

J’appartiens à la France parce que j’y suis né et qu’elle ma donné ma langue mère, les fondements de mon éducation et de ma culture, et l’essentiel de ma façon de penser selon le corpus de mon langage, de sa syntaxe et de sa grammaire, le tout alimenté par l’histoire, la culture et les référents de mes « compatriotes ».

J’appartiens à la Bretagne, au Bauvaisis,, à Paris et à des tas d’autres endroits où ma parentèle et autres liens ancestraux ont foulé et vécu.

J’appartiens à Midi-Pyrénées, terre de mon enfance et adolescence, terre de mes premiers jeux en liberté et premiers émois.

J’appartiens à Toulouse, où j’ai étudié, aimé, pleuré, rencontré la mère de mes enfants, où j’ai planté les première graines de mon parcours d’adulte et où mes enfants sont nés.

J’appartiens à mon petit coin du Gers où je me suis établi il y a onze ans, tissé des liens nouveaux, rénové des vieux murs, engrangé des foins, construit mon studio d’enregistrement, produit ma musique, et pissé contre mes arbres tous les soirs d’été.

J’appartiendrai demain à un autre coin de la terre, et ce ne sera pas nécessairement en France… Et un jour j’appartiendrai en partie à un autre corps que le mien si mes organes peuvent être utiles à ma mort, quand au reste, il se transformera d’une autre façon pour appartenir de nouveau à l’univers.

Aucune de ces appartenances n’a préséance sur une autre. Aucune de ces appartenances n’est plus importante qu’aucune autre, car toutes sont constitutives de mon identité, et je suis un être entier, que je ne peux découper en morceaux hiérarchisés. En quoi mon pied droit serait-il moins important que mon estomac ou ma main gauche ?
En réalité, nous appartenons à tous les lieux avec lesquels nous interagissons, à tous les lieux d’expérience personnelle et interpersonnelle, et avec tous les éléments constitutifs de notre être de chair, de sang, de molécules, d’atomes, et d’éléments quantiques. Pour retourner à l’univers d’où nous venons.

Mais, mais... c'est Douillet ces petites choses là !

Copié-collé d'un article de next.liberation.fr... Édifiant.

Le "Canard Enchaîné" publie des extraits de l'autobiographie, parue en 1998, de l'ancien judoka, David Douillet, récemment élu député des Yvelines.

Après Frédéric Mitterrand, c'est au tour de David Douillet de voir des extraits de mémoires ressortir quelques années plus tard. Dans son édition du 4 novembre, Canard Enchaîné publie des extraits de l'autobiographie de David Douillet, L'Ame du conquérant, paru chez Robert Laffont en 1998. Dans cet ouvrage, l'ancien judoka, récemment élu député des Yvelines et dont le nom circule comme successeur potentiel à Rama Yade en cas de remaniement, fait part de sa "misogynie rationnelle". Il écrit : "Pour moi, une femme qui se bat au judo ou dans une autre discipline, ce n'est pas quelque chose de naturel, de valorisant. Pour l'équilibre des enfants, je pense que la femme est mieux au foyer."

Dans la même veine, l'actuel membre de la commission des affaires culturelles et de l'éducation à l'Assemblée nationale écrit à propos du rôle des femmes :"C'est la mère qui a dans ses gènes, dans son instinct, cette faculté originelle d'élever des enfants. Si Dieu a donné le don de procréation aux femmes, ce n'est pas par hasard" Il ajoute : "De fait, cette femme-là, quand elle a une activité professionnelle externe, pour des raisons de choix ou de nécessité, elle ne peut plus jouer ce rôle d'accompagnement essentiel. (...) Je considère que ce noyau est déstructuré. Les fondements sur lesquels était bâtie l'humanité, l'éducation en particulier, sont en partie ébranlés".

Enfin, il ajoute : "On dit que je suis misogyne. Mais tous les hommes le sont. Sauf les tapettes !". Lemonde.fr rapporte que ces propos avaient fait naître une discussion en 1998 et que David Douillet s'était défendu en expliquant que la dénomination "tapette" ne visait que "les hommes qui ne s'assument pas".

4.11.09

L'identité nationale, vue par Lévi Strauss

Il vient de mourir le 3 novembre 2009, le grand Lévi Strauss, et sa pensée nous éclaire très bien aujourd'hui, et pour longtemps encore.

Lisez cet article du journal Le Monde, à propos de ce que disait le grand anthropologue en 2005 sur "l'identité nationale"...