Le blog du CTD, par Bertrand Damien


Chers CTDistes, chers amis, bienvenue sur le blog du CTD. Humeurs, billets d'actualité, coups de coeurs et de bourre, ou simplement plaisantes conneries du 1 au 10ème degré.

Nom : Bertrand
Lieu : France

Musicien, compositeur, auteur, et Producteur de musique (label ESP Music). J'ai travaillé 20 ans dans l'industrie des télécommunications, et j'étais encore récemment Directeur d'un département de conseil en stratégie pour les opérateurs. Maintenant, musique...

31.3.06

Justice de merde

Vous pouvez être un simple manifestant pacifique et être condamné sans aucune preuve en France. Il suffit d'être accusé par des CRS, qui sont comme chacun sait, des gens intelligents, plein de modération et de respect pour les valeurs républicaines.
Libe.fr

Pendant ce temps là, les vrais casseurs courent toujours, et un délinquant notoire à l'abri au plus haut sommet de l'état s'apprête à jouer la prolongation de la crise.

30.3.06

Fin de règne, crise majeure

Un constat réaliste et déprimant sur la déliquescence de notre 5ème République. Et partagé par beaucoup de monde, de droite à gauche de l'échiquier politique.
Sur libe.fr
Chirac devrait rester dans l'histoire le Président Français le plus remarquable par son bilan consternant, l'accumulation d'échecs, l'absence de réalisation de projet remarquable, la corruption ordinaire et inpunie, le non-respect des électeurs, la régression des principes démocratiques, et j'en passe et des meilleures.

29.3.06

Ca sent le sapin

Patrick Devedjian, conseiller politique de Nicolas Sarkozy à l'UMP, a affirmé mercredi que "90% du groupe parlementaire UMP s'est prononcé en faveur de la suspension" du CPE et "d'une négociation", lors de la réunion des députés de l'UMP mardi.
Galouzeau de V., ça commence à sentir le sapin pour toi...

DADVSI, incohérence par l'exemple

Dans la DADVSI, un dispositif de la Loi oblige les fournisseurs de DRM (techniques logicielles de protection de contenus) de rendre leurs DRMs interoperables (principalement, il s’agit de Apple, Microsoft, et Real Audio), ce qui reviendrait à en publier les secrets de fabrication à leurs compétiteurs, et on peut parier, très rapidement chez tous les hackers de la planète.
Un analyste de Jupiter Research pointe le fait que si la Loi cherche simplement à garantir aux consommateurs qu’un fichier audio téléchargé puisse être lu sur n’importe quel lecteur, c’est très simple à faire sans compatibilité de DRM : graver un CD (ou une simple image virtuelle de CD sur son disque dur) avec les morceaux achetés par internet, et les ré-importer en mp3 sur l’ordinateur. Pas besoin de DRMs compatibles.
Après les procès remportés par Apple contre Real Audio et des divers développeurs de shareware qui voulaient cracker le DRM Apple, on voit mal les développeurs de DRM se plier à l’injonction légale Française. Pas plus Apple que Microsoft.
Il faut quand même rappeler que c’est précisémment parce que Apple a été ferme sur les DRMs en lançant iTunes Music Store que ce modèle de vente par internet c’est développé avec succès, au détriment du peer to peer gratuit, et en garantissant de ce fait un modèle économique pour les ayants-droits, modèle par ailleurs bien plus intéressant financièrement pour les artistes que le modèle de distribution physique par CD.
Bref, une illustration par l’exemple de l’inutilité de cette loi “nationale” face à la problématique globale et mondiale posée par Internet. C’est un véritable melting pot de dispositifs contradictoires et plus ou moins inutiles. Au lieu de légiférer pour les lobbys, le gouvernement français ferait mieux de favoriser les initiatives créatives visant à inventer de nouvelles manières de développer la création. Les modèles de revenus sont de toute façon en train de changer, que Donne-moi-100-balles-De-Dieu-de-Vabres gesticule comme une marionnette, ou pas.

PS: je faisais une rapide recherche sur Donnedieu via Yahoo, et le deuxième article qui se présente dans la liste pointe sur les malversations diverses du-dit sieur. Affaire de blanchiment d’agent dans le financement de l’ancien parti de Léotard, et surtout pour une sale histoire de commissions occultes sur la vente de frégates à l’Arabie Saoudite. Ce Monsieur pas-blanc-comme neige veut donc faire la leçon aux internautes délinquants. N’oublions pas que sa première version DADVSI prévoyait emprisonnement et 300 000 euros d’amende pour les indélicats du mp3. Lui, délinquant en col blanc avéré, n’a été condamné par le Tribunal correctionnel de Paris q’à 15000 euros d’amende pour blanchiment d’argent dans l’affaire “Fondo” du feu le Parti Républicain.
Le magnifique CV du Ministre de la Culture, là :
Donne-moi-100-balles

Pour ceux que ce sujet de la DADVSI intéressent, je vous recommande une analyse très intéressante et très, très critique, de Christophe Deshayes, Président de Documental - Observatoire des Technologies de l'Information.
Deshayes-JDNet

Comme ça, au moins c'est clair

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy, président de l'UMP, ne cache pas dans un entretien publié par le Parisien qu'il "cherche à séduire les électeurs du FN".

"Oui, je cherche à les séduire. Mais d'où viennent-ils? D'une part de la droite républicaine, de l'autre, d'une partie de la gauche. Qui pourrait m'en vouloir de récupérer ces gens dans le camp républicain?", déclare le ministre de l'Intérieur dont les propos ont été recueillis lundi.

"J'irai même les chercher un par un, ça ne me gêne pas. Si le FN a progressé, c'est que nous n'avons pas fait à droite notre boulot", ajoute-t-il.

Et il s'empresse de préciser que "cela ne veut pas dire, bien sûr, que je partage les thèses lepénistes".

Euh, il fait comment pour attirer des Lepénistes dans son camp sans partager leur thèses ? Moi y'en a peut-être stupide, mais moi y'en a pas comprendre, là... Faut qu'on m'explique cette dialectique politique.

28.3.06

68-2006, mauvaise conscience...

Lu dans Le Monde du 27 mars.
Michel Joubert, courrier des lecteurs : "J'étais étudiant en 1968. Nos retraites enviables : c'est les jeunes qui vont les payer. Nos futurs soins médicaux qui vont durer plus longtemps qu'avant : c'est les jeunes qui vont les payer. Nos avantages sociaux, obtenus par la dette : c'est les jeunes qui vont les rembourser. Nos avantages professionnels : c'est les jeunes qui les payent par le chômage et la précarité. Autrefois, pour obtenir ces avantages, les salariés devaient se mettre en grève et perdre de l'argent. Maintenant, pour conserver nos avantages (qu'ils paieront), il suffit d'envoyer les étudiants et lycéens manifester, au détriment de leurs études. Et ces bonnes poires marchent ! Nous sommes vraiment très forts !"

Hum... Retour au CPE (Cours Personnalisés pour Etudiants)

L'eau tue

Entendu sur France Culture il y a 2 jours.

Chaque jour, 5 000 enfants meurent de diarhées et autres complications dues à la mauvaise qualité de l'eau.
Approximativement 2 millions de morts par an.

No comment.

A vot' bon coeur

Je n'en pensais déjà pas du bien, mais si l'authenticité de cette missive est avérée, je suis carrément outré.

Reçu par email hier :
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Bernadette Chirac est venue à Montélimar faire son cinéma pour récolter ses pièces jaunes. 200 kg de pièces ont été recueillies (correspondant à environ 10 000 euros). J'ai interrogé M. le Maire ( UMP ) de la ville pour savoir combien cette opération nous avait coûté. Sans compter le prix de l'affrètement du TGV spécial, du détournement de plusieurs trains sur l'Ardèche, le coût du personnel des services techniques et de la police municipale etc, la ville a déboursé 8 000 euros (pris sur nos impôts locaux, bien sûr ). Mais, plus choquant encore, les chambres et repas, dans un des meilleurs hôtels-restaurants de la région, pour "la première dame de France" et son aréopage de 130 personnes ont été réglés avec un chèque de l'association "Opération Pièces Jaunes". Quand on pense à tous les petits enfants qui ont cassé leur tirelire pour faire de la publicité à Mme Chirac, au Maire de Montélimar et payer ces agapes !
Certains n'ont pas beaucoup de vergogne.
Ce mercredi 8 mars 2006

Marcel MAGNON, Conseiller Municipal de Montélimar

26.3.06

Bush au travail


© Chappatte in "International Herald Tribune" 8 mars 2006

Qui a dit qu'il ne savait rien faire de ses dix doigts ?

24.3.06

Malaise, Blaise...

21 mars au soir, réunion de motivation des troupes autour de Villepin, dans un pot de l'amitié à Matignon.
Villepin fait une nouvelle démonstration de son entêtement devant les parlementaires UMP. «Sur cette loi, il y a trois choses qui sont impossibles, leur a-t-il lancé, la première c'est le retrait [...], la deuxième c'est la suspension [...], la troisième, c'est la dénaturation du projet !»

Réactions dans les couloirs de l'assemblée le lendemain de quelques députés UMP, relevées par Libé :
Michel Raison (Haute-Saône) demande qu'on «arrête de prendre des mesures par principe et sans prospective».
Michel Bouvard (Savoie) : «il ne suffit pas de dire "dialogue, dialogue, dialogue" en sautant sur son fauteuil pour que les gens se parlent. Encore faut-il créer les conditions du dialogue».
Claude Goasguen (Paris) reconnaît : «Il est difficile d'expliquer le CPE. Moi-même je n'y arrive pas.» Proche de Sarkozy, Eric Woerth s'interroge ingénument : «Le CPE n'est pas un outil indispensable pour lutter contre le chômage. Est-ce que tout cela en vaut bien la peine ?» Sur RTL, Nadine Morano (Meurthe-et-Moselle) se déclare «pour la suspension» du CPE tant que le projet est examiné par le Conseil constitutionnel.

Tout va bien, ça rappelle le "droit dans ses bottes" de l'ineffable Juppé, avant d'exploser en vol, dissolution et perte des législatives au final.

La conversion, c'est pas bon

Abdul Rahman, un Afghan à Kaboul, s'est converti au Christianisme il y a 15 ans. Il vient d'être dénoncé par sa famille. Ayant abandonné l'islam, il s'est retrouvé accusé, emprisonné, et risque la peine de mort. Malgré les pressions internationales, le juge ne veut pas entendre parler de quoi que ce soit et s'apprête donc à condamner à mort le converti.
La nouvelle constitution Afghane négociée en 2004 avec les US est un mélange ubuesque et construit sur des contradictions centrales entre des principes démocratiques et la loi islamique. Un passage de cette constitution dit que la liberté religieuse est reconnue, mais la Loi suprême est islamique, et les tribunaux sont là pour exécuter la charriah.

Allez, encore un petit effort, et on recommencera à couper des mains aux voleurs de fruits.

21.3.06

CPE Euuuuhhhh...

Mes deux centimes de contribution au débat.

En tant qu’ex patron employeur, du temps où je dirigeais ma propre entreprise (jusqu’à 15 salariés), en tant que directeur ayant quelques petites responsabilités opérationnelles dans une entreprise de 300 personnes, et en tant qu’observateur avisé du monde de l’entreprise depuis 20 ans, voici ce que je pense de cette histoire.

Il existe deux de types d’emplois.
Il y a les entreprises qui considèrent que les employés sont du capital (Capex), dans lequel on investit. Formation, expérience, coûts d’embauche, coûts de réembauche etc, sont des notions extrêmements précises, et on cherche à valoriser la productivité et la rentabilité par l'expérience et l'augmentation de la compétence.
Ensuite, il y a les entreprises qui ne considèrent pas les employés comme du capital, mais exclusivement comme des coûts opérationnels (Opex) qu’il convient de réduire au maximum, la valeur ajoutée de l’employé étant considérée comme faible et moins valorisée que d’autres éléments de la chaine de valeur.
Souvent, les entreprises emploient les deux sortes de salariés, et sont alors contraintes à une gymnastique plus compliquée, genre grand-écart et schyzophrénie parfois. Tout cela varie avec les secteurs d’activité concernés.

Dans le premier cas, la problématique majeure c’est trouver le bon profil, et de le garder, ce qui implique généralement une politique de long terme, d'évolution de carrière et de salaire. Le CPE n’a aucun intérêt dans ce cas, et le manque d’enthousiasme du Medef sur le CPE est principalement lié au fait que le CPE est contraire à l'intérêt de beaucoup d'employeurs, ceux qui cherchent de la qualification. Le CPE ne fera que faire fuir les candidats potentiellement intéressants. Qui plus est, dans ce type d’emploi, la chose qui compte c’est de s’assurer qu’on a trouvé un bon candidat. Et il ne faut pas 2 ans pour savoir si c’est le bon ou pas. En 6 mois max, on sait, si on est un bon patron. 6 mois, c’est précisément la période d’essai max d’un CDI normal.

Dans le deuxième cas, le patron cherchera à éviter les augmentations de salaires et les trop fortes contraintes liées à l’ancienneté. Le sacro-saint mot patronal “flexibilité” n’est rien d’autre qu’un cache-sexe pour masquer le besoin de renouveler le plus souvent possible les employés, sans avoir de compte à leur rendre, en évitant la problématique de l’ancienneté et des revendications d’augmentations de salaires.

Le CPE ne vaut rien pour les employeurs soucieux de construire de la valeur basée sur la fidélité et l’augmentation des compétences. En revanche, il est une bénédiction pour les négriers.

Et l’intérêt des jeunes dans tout ça ? Et bien si vous suivez mon raisonnement, vous trouvez la réponse vous-mêmes. Ceux qui croient que le CPE va leur donner la première expérience professionnelle dont ils ont besoin doivent accepter la contrepartie : très peu de chance d’être embauché pour un job visant à son épanouissement et à l’augmentation de son savoir et de ses compétences, de fortes chances d’avoir à faire à un patron pas spécialement “citoyen” (doux euphémisme), une précarité extrême, à la merci d’un patron qui par définition ne considère pas ses jeunes recrutés comme des valeurs d’avenir à former, à fidéliser et à conserver, aucune chance de se faire prêter du pognon par une banque, aucune chance de trouver un logement dans les zones de logement critique, surtout pas tomber enceinte, etc etc.

Le CPE ne vise qu’à siphonner plus facilement des employés au rabais et corvéables à souhait pour des professions sans intérêt ou pénibles, mais en manque de main d’oeuvre. Avant on avait des immigrés pour ça, n’est-ce pas ? Coup de bourre, et hop, de la main d’oeuvre pas chère, qui repart dans son pays ou se cache dans la clandestinité quand ça redégonfle un peu. Maintenant, on aura les CPE-istes, qu’on ira chercher dans les banlieues, lorsque les jeunes non titulaires d’un bac + 5 commenceront à faire défaut.

Ce qui est crispant avec Villepin, c’est ce côté ultra faux-cul. Il te manie les lithotes et les figures de styles avec un sourire angélique, mais il n’appelle pas un chat un chat. Seulement, une grosse merde nauséabonde, ça pue même si tu pchitt du Channel n°5.

17.3.06

Actionnaires de tous pays...

Tout va bien pour la bourse.

En 2005, les 40 sociétés du CAC avaient versé 24 milliards d'euros sous la forme de rachats d'actions ou de dividendes au titre des performances de 2004, selon une étude financière de Vernimmen.net.
En 2005, les dividendes distribués ont augmenté de plus de 30%. En 2004, ils avaient progressé de 18%.

Patrick Artus, directeur de la recherche d'Ixis CIB, pourfend la redistribution record de ces dividendes dans un livre co-écrit avec Marie-Paule Virard, "Le capitalisme est en train de s'autodétruire" (Editions La Découverte).
"Les entreprises privilégient le rendement à trois mois plutôt que l'investissement à long terme, quitte à délocaliser, à faire pression sur les salaires et à renoncer à créer des emplois ici et maintenant", écrivent-ils.

Les performances financières demandées par les investisseurs se mesurent en Taux de Rentabilité Interne, Valeur Actuelle Nette etc. Le tout dicté par un facteur précis : le taux de rentabilité (Rate of Return), fixé en général à 15%.
Sachez en même temps que la croissance mondiale est de 3-4%.
C'est le grand écart, en matière de création de valeur. Mécaniquement, ce qui est donné en masse d'un côté à un petit nombre (les actionnaires) est pris en masse au détriment d'autres parties et composantes économiques. Devinez qui...

Il y a un petit problème dans l'histoire, vous ne trouvez pas ?
BC

Pronétaires de tous pays...

Cybertribus : terme employé par Joël de Rosnais dans son nouveau livre "La révolte du Pronétariat".

Ce sont tous les groupes qui se constituent à partir de la blogosphère : amateurs de musique, d'art, de voyages, de livres, de technologies. Pour J. de Rosnais, plus le monde se "mondialise", plus il se "tribalise".

Ce qui va à l'encontre des prédictions du début des années 1990 selon lesquelles le Web serait une immense machine à homogénéiser. Aujourd'hui, on observe tout le contraire. D'où les tribus auxquelles nous appartenons tous désormais, quels que soient nos fonctions et rôles dans les différentes couches de la société.


Autres extraits de son interview dans le JDNet :

La "nouvelle nouvelle économie", selon de Rosnais.
"L'économie traditionnelle s'est fondée sur la gestion de la rareté. D'où l'invention des économies d'échelle permettant la production de masse à partir d'usines centralisées, fabriquant des produits standards et distribués en masse tout en étant soutenus par une publicité de masse. Depuis 50 ans, nous vivons sous le pouvoir des mass media : TV, radio, édition, téléphonie, publicité.

Avec la société du numérique, tout change. Les pronétaires sont dotés d'outils numériques de production professionnelle : musique, vidéo, texte. Les économies d'échelle se transforment en diffusion de masse de produits numériques qu'on appelle des plates-formes, comme par exemple Netscape ou Explorer. La valeur ajoutée naît du partage massif de telles plates-formes. La nouvelle nouvelle économie va donc naître à partir de flux massifs sur des sites gratuits, intéressants et "fun", à partir desquels il sera possible de vendre des services personnalisés à très bas prix.

Les consommateurs satisfaits en parleront, c'est le buzz (bouche à oreille). D'où mon équation : Flux + Buzz = Bizz (business). En d'autres termes, il vaut mieux vendre 10 centimes d'euro un produit à 10 millions de personne avec 90% de marge (ce qui fait 900 000 euros) que 10 euros à 10 000 personnes avec 30% de marge en raison des coûts d'investissement et de marketing, ce qui ne fera que 30 000 euros. Voilà la base de la nouvelle nouvelle économie."

Bin oui, en effet. Je partage complètement cette analyse, et je vous invite à bien réfléchir à ses conséquences :-)

Je vous invite aussi à lire son interview complète, il y dit beaucoup d'autres choses intéressantes. A lire sur JDNet.

Cheers
BC

12.3.06

Message d'une femme au monde islamique

Il a fallu que ce soit une femme bien sûr. Un symbole de plus.

Le Dr. Wafa Sultan est une syrienne, émigrée aux états-unis dans les années 80. Elle avait décidé de quitter la Syrie après avoir vu les Frères Musulmans débouler dans sa classe et liquider sous ses yeux son professeur. Elle est maintenant psychiatre dans la banlieue de Los Angeles et naturalisée américaine récemment avec son mari lui aussi syrien.

La voici célèbre. Après avoir publié des articles très critiques sur ses frères du monde islamique, elle est invitée par Al Jazeera le 21 février. Dans cette interview, elle va dire sans réserve ce que pensent tout bas de nombreux musulmans, dans la peur de s'en ouvrir même dans leur propre famille. Le clip de son interview a été vu plus d’un million de fois sur internet.

En anglais dans le texte, cet extrait du NY Times :
"The clash we are witnessing around the world is not a clash of religions or a clash of civilizations," Dr. Sultan said. "It is a clash between two opposites, between two eras. It is a clash between a mentality that belongs to the Middle Ages and another mentality that belongs to the 21st century. It is a clash between civilization and backwardness, between the civilized and the primitive, between barbarity and rationality."

"Only the Muslims defend their beliefs by burning down churches, killing people and destroying embassies. This path will not yield any results. The Muslims must ask themselves what they can do for humankind, before they demand that humankind respect them."

Elle rajoute aussi que les juifs, eux, au plus fort de l'adversité ne se sont pas fait péter en bombes humaines dans des restaurants allemands. Après la shoah, ils se sont servi de leur intelligence et de leur travail pour exister et grandir.

La réaction a été immédiate, démontrant par l’absurde toute la vérité contenue dans son discours : menaces de morts, condamnée comme hérétique, infidèle, fatwa mortelle etc. Bref, la réaction commune d'une religion restée au niveau moyen-ageux.

Elle termine un livre, qui, d'après l'un de ses proches, risque de faire passer Rushdie pour un poète, et de bouleverser le monde mulsuman. En disant les choses humanistes que ce monde là refuse d'entendre.
Le titre de ce livre, "The Escaped Prisoner: When God Is a Monster."

Bon courage, Dr. Sultan.
Les religions judéo-chrétiennes sont aussi passé par là. Espérons qu'un jour l'Islam sortira de son vortex infernal de violence et d'auto-destruction.

11.3.06

Donnedieu, donne-moi 100 balles

Le très contesté projet de loi DADVSI est de retour, dans une version un peu moins liberticide et répressive. A l'origine, ce n'était qu'un reflet à peine maquillé des intérêts du seul lobby industriel de la musique et du cinéma. Avec à la clef une véritable pénalisation des internautes utilisant le P2P et qualifiés de "contrefacteurs", avec peines de prison jusqu'à 3 ans, et jusqu'à 300000 euros d'amende. Du pur délire.

L'exemple des Etats-Unis, où une loi similaire a été votée dès 1998, incite à la modestie. L'industrie du disque y a déposé plus de 10 000 plaintes contre des internautes. En décembre, la société spécialisée Big Champagne recensait près de 7 millions d'utilisateurs connectés à chaque instant sur des services de P2P.

En d'autres termes, la répression est totalement inutile. La vérité c'est que l'industrie de la culture est arque-boutée sur ses modèles de revenus devenus obsolètes et que le monde de l'information évolue 100 fois plus vite que leurs têtes d'oeufs.

Pour autant, la solution alternative de "licence globale" est une mauvaise réponse, de mon point de vue à la fois de musicien auteur compositeur, et de consommateur de musique et de films. La Licence globale, c'est le même principe que la taxe française sur les CD vierges : on taxe tout le monde, même si vous ne copiez pas de musique. Le prétexte de la redistribution aux artistes est une fumisterie. Tout comme le fonctionnement actuel, opaque et limite mafieux de la Sacem, cela revient en fin de compte à financer Johnny Haliday et Universal Music. Pas les petits. C'est mécanique.

Toutes ces tentatives de s'accrocher à la barque de l'internet full speed sont aussi vaines que d'essayer de poursuivre un hors-bord avec un bateau à rame. Le monde de la culture doit se réinventer, parce que de toute façon, quelles que soient les lois rétrogrades votées, le monde se fera sans eux. Ce qui se passe, c'est des groupes d'adolescents non signés par des maisons de disques, comme Artic Monkeys, qui se font une renommée mondiale en mettant leurs morceaux en distribution libre sur internet, et puis qui vendent 1 million d'albums en 1 mois. Je connais encore d'autres d'exemples aux US, notamment sur le seul site communautaire myspace.com.

Le P2P ne tue pas la musique. Internet est un formidable vecteur de communication pour des créateurs qui ont surtout besoin de créer de la notoriété. Ce qui tue la musique, c'est une industrie phonographique qui n'assume plus une seule seconde sa vocation de promotion de nouveaux talents, et qui pour le reste cherche à faire des procès aux consommateurs. Une industrie qui vit sa relation avec ses clients sous le mode de la répression est une industrie qui se marche sur la tête.

Il faut oublier les vieux schémas et les dinosaures obsolètes façon Sacem. Il faut résolument se projeter dans le présent, et se montrer créatif. Le monde reste à inventer. Cela implique aussi une profonde remise en cause des artistes aux-mêmes : je connais nombre d'entre eux qui s'arqueboutent sur leur seul "objet artistique" et refusent de s'intéresser directement aux problématiques du commerce. Quand certains d'entre eux signent avec un label, ils s'imaginent que tout va se faire tout seul et qu'ils ne doivent pas se se soucier de ces questions ingrates et "non nobles" de basse politique commerciale. Tant pis pour eux : s'il y a bien désintermédiation et disparition des intermédiaires traditionnels de la chaîne de valeur, et qu'ils peuvent toucher directement 40 et quelques cents sur 0,99 euros de musique en ligne, au lieu de quelques pouillèmes de cents dans le monde du CD traditionnel, c'est qu'ils doivent assumer eux-mêmes leur petite entreprise.

N'importe comment, la Loi est votée maintenant, elle fait patchwork qui essaye de contenter tout le monde. Au moins est-elle moins exclusivement répressive que dans sa première version délirante. De toutes les manières, aucune loi nationale ne résistera longtemps au monde qui change, partout dans le monde. Tout le monde doit s'adapter. L'industrie phonographique, les producteurs, les studios, et bien sûr les artistes, qui pour la plupart sont malheureusement assez autistes.

BC