Le blog du CTD, par Bertrand Damien


Chers CTDistes, chers amis, bienvenue sur le blog du CTD. Humeurs, billets d'actualité, coups de coeurs et de bourre, ou simplement plaisantes conneries du 1 au 10ème degré.

Nom : Bertrand
Lieu : France

Musicien, compositeur, auteur, et Producteur de musique (label ESP Music). J'ai travaillé 20 ans dans l'industrie des télécommunications, et j'étais encore récemment Directeur d'un département de conseil en stratégie pour les opérateurs. Maintenant, musique...

20.10.07

Rugby, une fable pour dernier Chapitre

Comme l'a joliment dit mon pote du CTD, Manu, ce dernier match de l'équipe de France, à l'image du premier, c'est la France de Sarkozy-Laporte en résumé :

"Beaucoup de pub, on court partout dans tous les sens, mais on ne construit rien de solide."

Joliment dit, mon ami. Je ferais donc preuve moi aussi de ma langue bien tournée, dans une fable ci-après racontée, que j'ai appelée "Le coq et la tortue". Mais avant, juste quelques mots d'analyse froide en guise d'introduction :

Laporte, grand contempteur du rugby de l'hémisphère sud, s'est efforcé pendant plusieurs années de museler ce qui a fait la spécificité du jeu français depuis belle-lurette, pour enfermer l'équipe dans un esprit de tactique bornée et sans intelligence, genre Ligne-Maginot des temps rugbystique modernes, le nez dans le guidon, et stratégie à la petite semaine.

En fait, j'ai l'impression que Laporte a toujours crû que la France irait directement en finale et qu'il devait préparer l'équipe à y retrouver les All Blacks, et que pour les battre il faudrait disposer d'une tortue à la carapace solide. La tradition des coqs virevoltants sur les ailes, ça fait pas gagner contre les Kiwis Blacks, selon le Laporte Jambon Madrange.

Sur cet aspect tactique, on peut dire qu'il a réussi. Pour les Blacks.
Le problème, c'est que la tortue a bu la tasse avant le dessert...


Je vais donc vous la faire, ma petite histoire, façon fable de La Fontaine.
Ca s'appelle "Le coq et la tortue"

Dans sa grande ferme de Paname, le Grand Maître Lapasset convia ses amis.
A Cochon Madrange et Compère Maso Bouclette il tint à peu près ce langage :
Nous allons donner une fête en l'honneur de toute la basse-cour Ovalie
Du Nord au Sud, d'Est en Ouest, nous convierons toutes les plumes et pelages

Faites donc que nos coqs aient de l'allant et qu'en fin nous puissions ramener
Cette si convoitée Oueb en lice jusqu'au cœur douillet de nos ailes chamarrées
Pour vaincre le funeste sort passé, débarrassons-nous de notre deuil en noir
Car pour vaincre le kiwi au bec acéré, il nous faudra un plan sacrément gaillard

Sieur Cochon Madrange, je ne vous connais aucun talent intellectuel d'envergure
Mais je vous sais ambitieux et teigneux, âpre au gain, assez peut-être pour conclure
Seul je ne puis vous laisser, vous êtes myope, mais avec Compère Maso Bouclettes,
Mes oeufs seront mieux gardés, car à tous les deux, vous ferez la paire, de lunettes.

Ainsi donc Maître Lapasset s'en retourna dans son poulailler l'esprit plus léger
Car Cochon Madrange avait un plan audacieux qu'il lui avait discrètement exposé
Si audacieux ce plan était-il, que le béat Compère Bouclette en tomba bouche bée
Les yeux arrondis de stupéfaction, les lunettes sur le nez, et la permanente défrisée.

Notre sieur content de lui, le front rosi de son ardeur excitée et la mimine simplette
A son esprit de coquin lui était venue l'idée que les ergots de nos fiers volatiles
Ne pouvaient rivaliser avec les puissants kiwis au long bec, avec ou sans piles
Car aussi belles soient nos plumes bleues, elles ne font que faire rougir les soubrettes

Ainsi donc, il fallait une ruse de guerre, un équipement approprié, une armure
Du-t-elle aux grands puristes déplaire, mais de ces fiers outragés, il n'avait cure
La doublette infernale ainsi se mit à l'ouvrage et patiemment, systématiquement,
Dépluma les fiers gallinacés et en fit des tortues blindées aux membres puissants

Malgré les doutes et les petits propos acerbes de tous les gens bien intentionnés
Petit à petit, dépouillés de superflues jongleries rugbystiques, le cou devenu épais
La cervelle aussi, mais le corps massif et rassurant, les ex gallinacés bodybuildés
Apprirent le langage des tortues, sa lenteur rassurante, et cela fit son petit effet.

Vint le grand jour de la première confrontation, et trente magnifiques tortues,
Lancées dans l'arène de tous les dangers, chevrotèrent l'hymne, toutes de bleu vêtues
Du malaise on pu alors deviner, car dans leurs yeux on voyait l'ampleur du pathos
D'une lettre moquée, à l'heure d'affronter de redoutables... tortues des Galápagos.

Oh, cri silencieux de la tortue bleue en rage et désespoir, cruel apprentissage
D'une désillusion bercée d'illusions, celles d'un certain chauve apprenti mage
Alors donc, on ne devient pas tortue de combat par le simple fait du Prince ?
La tortue bleue n'eut pas de laitue, elle mangea de l'herbe, ce fut mince !

On connaît la suite, Sieur Madrange, nos tortues hexagonales ne sont pas banales
Elles surent résister assez à l'emplumé noir haka-rapace de l'hémisphère Austral
Mais face à de vieilles connaissances épineuses, tortues blanches disciplinées
La peau encore fragile de l'épiderme exposé souffrit encore une douche glacée

Ainsi toutes les fables ont une morale et une chute, et elles sont parfois sévères
Car revenus de ce contexte délétère, le nez dans la butte, le cul par terre,
On décida de laisser la carapace de côté, il fallait à nouveau changer d'espèce
Pour courir plus vite que les Galápagos, mais voilà... sans plumes sur les fesses !

C'est ainsi que la leçon cruelle nous fut Laportée, et resservie, terrible servitude
Les petits coqs déplumés en pagaille dans la basse-cour, quand les tortues du Sud
Vinrent à courir sur le pré comme des lièvres, joli pied de nez, jeu de mains
Des malicieux cuisiniers argentins passés maîtres dans l'art de cuire le coq au vin...

Morale de l'histoire :
Rien ne sert de l'exhiber à la télé, il faut juste cuire le jambon à point.

1 sur 2

30% des hommes meurent de cancer, et 25% des femmes.
Sachant qu'il y a deux fois plus de cancers non mortel que mortels, l'institut Marie Curie vient de faire cette constatation toute simple que un français sur deux sera confronté au cancer au cours de sa vie.

:-(

16.10.07

Les "petites" caisses noires du patronat

Les retraits d'argent liquide reprochés à Denis Gautier-Sauvagnac ont été effectués sur plusieurs fonds de réserve de l'Union des Industries et des Métiers de la Métallurgie (UIMM), "dont une caisse de solidarité 'antigrève' créée en 1968" évaluée aujourd'hui à "160 millions d'euros", affirment "Les Echos" dans leur édition de mardi.

Selon le quotidien, qui ne cite pas ses sources, le plus important de ces fonds a été baptisé "Epim". Il s'agit d'une "caisse de solidarité 'antigrève' constituée après les événements de mai 1968 pour inciter financièrement les chefs d'entreprise à résister aux syndicats, en cas de conflit social".

"Les Echos" citent un ancien président du CNPF (ancêtre du Medef) non-identifié expliquant que le but de cette caisse était "d'éviter la mollesse de certains patrons dans les négociations, de les encourager à la fermeté moyennant rétribution".

Cette caisse cachée était alimentée par une "cotisation spéciale (...) de l'ordre de 0,1%" de la masse salariale des entreprises. "Aujourd'hui, il s'agit d'un portefeuille dont la valeur de marché s'élève à 160 millions d'euros", affirment "Les Echos".

Parallèlement à "Epim", "la cagnotte de l'UIMM se compose d'autres fonds dont la valeur comptable se chiffre en centaines de millions d'euros supplémentaires", ajoute le quotidien économique, précisant que leur existence "doit être révélée dans les prochains jours".

Denis Gautier-Sauvagnac, mis en cause dans d'importants retraits en liquide sur des comptes de l'UIMM, s'est retiré lundi de la négociation sur la modernisation du marché du travail, mais conserve ses mandats au sein du Medef.

Et ce qui est savoureux dans tout ça, c'est de voir le patronat tenter de justifier ces valises de billets sur caisses noires, qu'elle ne peut pas nier vu qu'il y a des preuves et que la justice a mis le nez dedans, en faisant croire que cet argent a été donné aux syndicats. Sans jamais apporter le plus petit début de preuve. Mais ça sauve la face du Medef en faisant croire que celui-ci est raquetté par les syndicats français. Super crédible, surtout quand on sait que les-dites caisses noires ont été constituées pour contrer les actions des syndicats.

7.10.07

Le Rugby, Chapitre 2

Jubilation. J'ai gagné mon double paris (Angleterre - France), et mes trois compères du CTD me doivent la prochaine bouffe du CTD, champagne compris.

J'ai toujours pensé que les nations de l'hémisphère Nord n'avaient rien à envier à celles du Sud, pour peu qu'on leur donne quelques chances d'exister en temps que sélections nationales. Je m'explique :

Les saisons régulières, qui voient Blacks, Bocks et Wallabies régulièrement vaincre France et Angleterre en test matches, sont fondamentalement structurellement inégales. D'un côté, le Sud, avec son Tri-nation et son Super 14, concentrés sur des périodes relativement courtes, le reste du temps étant dédié aux sélections nationales. En gros, un All Black passe la moitié de son temps professionnel consacré à la sélection nationale. Et en cette année de Coupe du Monde, 22 d'entre eux ont même été complètement exemptés de Super 14, le championnat sudiste.

Au Nord, un rugby de clubs, aux intérêts toujours opposés à ceux de la sélection nationale. Des championnats interminables. Une Coupe d'Europe fournie, bourrée de matches de poules puis de phases à élimination directe. Et des joueurs sur les genoux dans des cadences calendaires cadenassées.

Mais expliquez-moi pourquoi des nations traditionnelles du Rugby dotées de beaucoup plus de licenciés que les nations du Sud ne pourraient-elles pas rivaliser, voire surpasser celles-ci, sur la base de leur plus grand réservoir de talents (potentiels) ? Aucune raison, si les conditions de préparation sont équivalentes. La profondeur du banc français en est un indice probant. Le Rugby est un sport d'équipe, qui demande du temps pour trouver fluidité, assurance, automatismes, et du temps pour se préparer correctement physiquement sans s'épuiser, c'est à dire sans trop se bouffer les réserves dans des matches à répétition. Dans ces conditions là, je persiste, comme je le disais déjà il y à 4 ans pour la dernière Coupe du Monde, la France ou l'Angleterre, ça vaut les Blacks et les autres, et même potentiellement, mieux qu'eux.

Cette victoire du coeur, hier à Cardiff, m'a comblé pour son exemplarité. Il y avait là toutes les données qui font du rugby, à mes yeux, le plus beau, le plus grand des sports d'équipes. Dès le début, ce défi des français en ligne nez à nez avec les Blacks en plein Haka, les adversaires finissant à 20 cm visage contre visage, je n'avais jamais vu ça, et cela m'a arraché un OUUUUUUUIIIIIII d'exultation. Il fallait voir Vincent Clerc, petit ailier grimaçant et tirant la langue, littéralement habité d'une espèce de folie, d'envie de bouffer son vis-à-vis deux fois plus grand et costaud que lui. Dès ce moment, je savais que ce serait énorme. Ce fut énormissime.

Combien de grincheux ais-je pu lire sur les commentaires de sites webs après le match, râlant que le beau rugby Black se soit fait battre par des français hargneux. Mais qu'est-ce que le beau rugby ? Oui c'est le geste génial, les coups d'éclats, l'adresse balle en main, la chistéra magique et le cadrage-débord chaloupé, mais c'est tout autant le défi physique, les rucks de fous, les placages de oufs (176 placages français hier, contre 36 blacks !!!!), le souffle terrible de la mêlée et des mauls, c'est cette dimension terriblement humaine qui rend le rugby à 15 beaucoup plus profond et intense que le rugby à 13 ou à 7.

Et par-dessus tout, ce dépassement de soi, ce don total de sa personne qui fut plus grand chez les français que chez les néo-zélandais. C'est là que ça c'est gagné, quand les Blacks avaient une mêlée plus lourde de 60 kilos, ou qu'un ailier comme Rococoko mettait KO un Betsen dur au mal et réputé meilleur plaqueur de l'hémisphère Nord, après seulement 5 minutes de jeu ; ou qu'un Ali Williams pique 6 balles en touches françaises, ce genre de turn-over qui à ce niveau suffit en général pour atomiser un adversaire. Mais voilà, l'envie d'aller au bout des français était plus forte. Et moi, j'ai autant aimé ça que le génie French Flair de Traille et Michalak qui offrent l'essai de la victoire à Jauzion et aux bleus.

Si vous n'avez jamais fait un sport vraiment dur, et dans le dur, je ne suis pas sûr que vous compreniez complètement ce que je veux dire. Je me rappelle combien je me suis senti fier il y a une dizaine d'années, un dimanche matin de cyclosportive locale, ou après 80 kilomètres de course à fond avec un peloton leader d'une quarantaine de brutes, tous finirent par craquer sauf moi et deux autres, et comment je les ai atomisés dans la dernière côte, eux, les compétiteurs engagés tous les dimanches dans les courses amateurs (avec mes 65 kg de l'époque et un punch de dératé).

Et pourtant, ce n'est pas mon meilleur souvenir, loin de là. Mon plus grand souvenir est un jour de douleur, lors de l'Etape du Tour 1995, au milieu de 7000 participants, où j'ai connu une défaillance terrible dans la montée du Tourmalet, après avoir pourtant enquillé sans problèmes 100 km de Piémont Pyrénéen, puis Peyresourde et Aspin. Dans les 25 km de cette montée du Tourmalet, sous une chaleur impossible, j'ai connu une défaillance terrible. Plus de force, mal au ventre, des étoiles dans les yeux et je ne voyais même plus la route. Je me suis arrêté 5 ou 6 fois pour tremper ma tête dans l'eau glacée et faire baisser la température des tempes battant le sang. J'aurais pu bâcher là, attendre le "bus-balai", au milieu des milliers de supporteurs espagnols qui étaient déjà installés en camping car, pour attendre Indurain, en jaune le lendemain.

Mais voilà. Ma voiture étaient dans l'autre vallée, du côté de Lourdes, et j'ai continué, en souffrant et comptant les cailloux dans cette montée terrible et interminable, et en me maudissant tous les 100 mètres "c'est trop dur, t'es vraiment trop con, ce n'est pas un sport pour toi...". Et je suis arrivé au sommet du col. Je me suis requinqué dans la descente, que j'ai fais à fond, dans les bouts-droits à 90 km/heure vers Luz St-Sauveur. J'ai terminé très loin des premiers, arrêté au bas de la dernière montée, Luz Adriden, par la maréchaussée de service, pour cause de blocage de route encombrée de public (le russe Botcharov, qui est passé pro plus tard, était passé en premier 2 bonnes heures avant moi). Le lendemain matin, je devais prendre un avion à 6 heures, en route pour le boulot vers les US.

Et voilà, cela reste mon plus grand souvenir en tant qu'individu confronté à lui-même et à ses limites, que je ne connaissais pas. Jamais je n'ai eu autant mal de ma vie, mais je n'ai pas lâché. C'était ma victoire la plus importante. C'est encore aujourd'hui mon plus grand souvenir de cycliste. J'ai pensé à ça, quand j'ai vu ces français arc-boutés en défense sur leur ligne à Cardiff. Je les aimés pour ça, et en plus, ils ont gagné.

1.10.07

De la vacuité du discours

La perspective du linguiste sur le discours présidentiel télévisé.
Vu comme ça, c'est fascinant. A lire là :

Arrêt sur Images.

Une certaine idée de l'évolution